
Faire de l’innovation un projet productif pour réintégrer les laissés-pour-compte de la mondialisation
*Plutôt que de subir la destruction créatrice, la France et l’Europe ont l’opportunité de l’organise...
*Plutôt que de subir la destruction créatrice, la France et l’Europe ont l’opportunité de l’organise...
L'Union européenne se trouve à un tournant décisif. Face aux menaces extérieures, aux recompositions...
L'Union européenne se trouve à un tournant décisif. Face aux menaces extérieures, aux recompositions géopolitiques et à l'incertitude quant à la protection américaine, Emmanuel Macron plaide pour une affirmation plus claire de l’Europe-puissance. Ce discours, qui présente l’Europe comme un acteur stratégique et non un simple cadre réglementaire, s’oppose au narratif institutionnel dominant, enfermant l’UE dans une posture de culpabilisation et de désarmement symbolique.
D'un côté, la France prône un réveil européen visant à la doter des attributs de la puissance. De l’autre, les institutions européennes continuent de promouvoir un récit où l’Europe doit expier son Histoire. Comment croire que l’Europe puisse incarner une puissance sûre d’elle-même, si elle se complait dans une culture de la faute et de la négation de soi ? Construire une politique de puissance suppose une continuité avec son Histoire, non une rupture permanente.
Le Parlement européen a récemment adopté une résolution sur la « Conscience historique européenne » illustrant cette contradiction. Officiellement destinée à lutter contre le négationnisme, elle impose en réalité une historiographie idéologiquement orientée. Elle érige une mémoire officielle, où l’Histoire du continent est relue uniquement à travers le prisme de la faute et de l’oppression. Elle enjoint les États membres à aligner leurs politiques mémorielles sur une lecture homogène, au mépris des spécificités nationales. Elle encourage la mise en place de programmes éducatifs où l’histoire européenne et mondiale doit primer sur les récits nationaux.
Plutôt que d’assumer l’héritage européen dans sa complexité et sa diversité, ce texte privilégie un récit d’expiation perpétuelle. Or que peut-on espérer d’une Europe-puissance, si celle-ci passe son temps à se déprécier elle-même comme Europe-civilisation ?
Si l’Union européenne veut proposer un récit sérieux aux grandes puissances impériales, comment peut-elle commencer par nier les spécificités nationales ? Face aux ambitions impériales de la Chine, des États-Unis ou de la Russie, l’Europe ne peut se rêver en empire bureaucratique plaquant une mémoire artificielle sur des nations enracinées. L’Europe ne sera jamais une puissance si elle ne commence pas par respecter ce qui fait sa force : la diversité de ses peuples et la souveraineté de ses États-membres.
Une Europe des nations, capable de coopérer sans se renier, de défendre des intérêts communs sans dissoudre les identités historiques et politiques, est la seule voie viable. À l’inverse, l’ingénierie identitaire promue par Bruxelles affaiblit l’Union en créant une fracture entre l’Europe et ses peuples.
Le récit européen ne peut plus osciller entre un discours de prétendue "Europe-puissance" et une pratique qui entretient la culpabilisation et l'effacement des nations qui la composent. Si elle veut peser sur l'ordre mondial, il lui faudra d'abord résoudre cette contradiction interne : on ne peut afficher une volonté de puissance si l’on a honte de son existence.
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